Ecrire toute l'histoire du village depuis 1090 serait bien ambitieux. Les lignes qui suivent nous sont proposées par Jean-René Bousquet dans son courrier du 28 mars 2004. Elles nous donnent un extrait de quelques évènements marquants de notre commune.
Pour connaitre et découvrir toute l'histoire, nous vous invitons à venir rencontrer nos anciens, qui sont la mémoire vivante d'Echourgnac.
Notre histoire
ECHOURGNAC
Canton de Sainte Aulaye
Périgord Blanc
C'est en 1090, dans le cartulaire de l'abbaye de la Sauve, que l'on trouve, pour la première fois dans un texte, le nom de cette paroisse sous la forme de Eschourniago. Il y avait là un prieuré qui fut visité par le pape Clément V en 1305.
Ce village de la Double eut, dès le XVIè siècle, une importante activité de production du verre. Dans la seconde moitié du XIX siècle, une communauté de Trappiste s'y établit pour assainir cette région marécageuse et la cultiver. Cette communauté d'hommes fut relayée au XXe siècle par une communauté de femmes aussi de la Trappe.
Les trappistes se sont établis dans cette paroisse, le 25 octobre 1868, conduits par Mgr Dabert, évêque de Périgueux, et le R.P. abbé de la Trappe du Port du Salut (Mayenne). Ce monastère est au coeur de la Double. Notre Dame de Bonne Espérance est le nom de l'église abbatiale.
Nous évoquerons également la famille de Nogaret qui possédait des biens dans Echourgnac.
C'est à Echourgnac qu'Eugène Le Roy situe une partie de son roman l'Ennemi de la Mort.
En héraldique, le croissant et les deux étoiles sont le symbole de la Vierge. Deux cannes de verrier rappeleront cette ancienne activité de la Double.
Nous proposons à la municipalité ce projet qui se lit :
De sinople à un écu d'azur posé en abîme, chargé de trois branches d'or bordées de sable, qui est le Nogaret, accosté de deux cannes de verrier d'or; au chef cousu d'azur chargé d'un croissant d'argent accosté de deux étoiles d'or.
En devise : 1090 - Echourgniago - 2004
Bergerac, le 28 mars 2004
Jean-René BOUSQUET
Source : A. de Gourgues : Le Dictionnaire topographique du département de la Dordogne
Histoire d'Échourgnac, les étangs de la Double
Autour d’Échourgnac, au cœur de la forêt de la Double, on retrouve de beaux et précieux étangs, naturels ou artificiels, de par la nature d’un sous-sol sableux et argileux et un système hydrologique très riche. On retrouve dans ces bois et ces étangs, une atmosphère de solitude et de contemplation. Cette image trouve ses racines dans le mélange souvent conflictuel de besoins économiques, politiques et de bien-être de la population rurale locale.
Pourquoi tant d’étangs dans la Double ?
Les conditions naturelles favorables dues au relief et la géologie forment un plateau délimité par les vallées de l’Isle et de la Dronne. Ce plateau, légèrement incurvé et avec des ruisseaux souvent temporaires en fonction des pluies saisonnières présente un réseau hydrographique très dense qui coupe le plateau en une multitude de vallées étroites, connues localement sous le nom de nauves.
La Double est constituée d’une épaisse feuille d’étalement résultant de l’érosion du Massif Central à l’époque tertiaire, qui recouvre les sédiments calcaires qui affleurent dans le Ribéracois. Cette nappe, qui peut atteindre une épaisseur de plus de 80 cm au cœur de la Double, est composée de sables et d’argiles, avec quelques poches de gravier. L’argile rend le sol imperméable, de sorte que l’eau s’écoule sans pénétrer.
Cet environnement a facilité l’implantation d’étangs. Il a suffi de creuser les fonds de vallons et les secteurs marécageux dénommés dans le pays "nauves", et d’utiliser l’argile pour ériger les digues. L’eau d’hiver est arrêtée par la digue de l’étang et forme un étang stagnant. Une technique accessible : pas besoin d’une technologie très élaborée ou d’outils spécialisés.
Ces étangs peuvent être vidés aujourd’hui comme à l’ancienne avec un pilon ou pilou, un moyen simple de gérer les ressources halieutiques où les plus gros poissons peuvent être enlevés et reconstitués avec les alevins des espèces souhaitées.
Pourquoi tant d’étangs dans la Double ?
Les conditions naturelles favorables dues au relief et la géologie forment un plateau délimité par les vallées de l’Isle et de la Dronne. Ce plateau, légèrement incurvé et avec des ruisseaux souvent temporaires en fonction des pluies saisonnières présente un réseau hydrographique très dense qui coupe le plateau en une multitude de vallées étroites, connues localement sous le nom de nauves.
La Double est constituée d’une épaisse feuille d’étalement résultant de l’érosion du Massif Central à l’époque tertiaire, qui recouvre les sédiments calcaires qui affleurent dans le Ribéracois. Cette nappe, qui peut atteindre une épaisseur de plus de 80 cm au cœur de la Double, est composée de sables et d’argiles, avec quelques poches de gravier. L’argile rend le sol imperméable, de sorte que l’eau s’écoule sans pénétrer.
Cet environnement a facilité l’implantation d’étangs. Il a suffi de creuser les fonds de vallons et les secteurs marécageux dénommés dans le pays "nauves", et d’utiliser l’argile pour ériger les digues. L’eau d’hiver est arrêtée par la digue de l’étang et forme un étang stagnant. Une technique accessible : pas besoin d’une technologie très élaborée ou d’outils spécialisés.
Ces étangs peuvent être vidés aujourd’hui comme à l’ancienne avec un pilon ou pilou, un moyen simple de gérer les ressources halieutiques où les plus gros poissons peuvent être enlevés et reconstitués avec les alevins des espèces souhaitées.
Une période de chambardements
Les étangs de la Double, dont beaucoup sont artificiels et ont été façonnés au Moyen Âge, ont longtemps fourni de la nourriture pour la consommation humaine et auraient également pu fournir un approvisionnement en eau pour la saison estivale. Au XVe siècle, les moines trappistes furent parmi les premiers à s’installer dans la Double. À cette époque, avec des terres boisées peu propices à l’agriculture et un sol argileux qui retenait l’eau, les moines choisissent de creuser des étangs. Ils les ont approvisionnés en carpes pour avoir une ressource alimentaire disponible en toutes saisons. Au fil du temps, la forêt de la Double a résonné avec le travail des artisans du Moyen Âge : fabricants de bracelets, verriers, charbonniers... tous avaient besoin du bois comme source d’énergie.
Les changements politico-économiques radicaux dans la société à la fin du XVIIIe siècle, qui ont vu la révolution historique de 1789, ont également vu la prise du pouvoir par la classe marchande bourgeoise, bouleversant ainsi la vieille aristocratie terrienne sédentaire et conservatrice qui voyait la Double comme un capital négociable et exploitable.
C’est dans les premières décennies du XIXe siècle que les chantiers navals de Bordeaux et de La Rochelle exploitent intensivement la forêt de la Double. Les plus grands arbres ont été coupés pour construire des bateaux de la marine et de la marine marchande. La forêt a fini par s’amenuiser, laissant des espaces vastes et mornes. Les arbres ne retenaient plus l’eau sur le sol imperméable. Les congrégations religieuses, qui avaient auparavant entretenu les étangs, étaient parties pendant les années de la révolution. La forêt a été transformée en landes désolées, parsemées d’étangs stagnants.
En outre, l’agriculture, qui était déjà difficile dans les années précédant la révolution, a vu le départ des jeunes se multiplier en raison de la conscription dans la révolution ainsi que celle de l’empire, ce qui a entraîné une population plus âgée et plus vulnérable. Les taxes élevées sur le nombre de fenêtres et de portes des habitations, qui ont entraîné des constructions moins saines avec peu de ventilation et de lumière, ont également contribué à des conditions insalubres. Tout cela, ainsi que les étangs malsains, ont provoqué les conditions de vie lamentables et le paludisme.
Les étangs et le paludisme au XIXe siècle
Au XIXe siècle, la Double est décimée par le paludisme. Les nombreux étangs, naturels et artificiels, sont devenus malsains en raison de la déforestation massive au cours des décennies précédentes d’exploitation forestière. La disparition d’arbres qui avaient auparavant aidé à drainer les sols forestiers a ouvert la voie à des aires de reproduction pour les moustiques anophèles qui transmettent le paludisme à l’homme.
Bien qu’il y ait eu une certaine inquiétude dans la Double au début des années 1800 au sujet de l’amplitude du paludisme, ce n’est que dans les années 1860 que des mesures ont été prises à grande échelle. En 1865, le Comice Central de la Double nouvellement créé, met en avant comme objectif principal l’assainissement et l’encadrement de ces zones humides comprenant « redresser, creuser, approfondir tous les cours d’eau et assainir, assécher, drainer les nauves » ...
Poursuivant l’avancement de cette tâche ardue, un groupe de moines trappistes de l’abbaye de Port-du-Salut, en Mayenne, connus pour leurs techniques d’assainissement, s’installent à Échourgnac en 1868. Les moines entreprirent l’assèchement des étangs et le drainage des zones de leur domaine. Avec leur intervention et leur investissement ainsi que ceux des habitants ambitieux, de nombreux étangs ont été redressés et des canaux ont été créés pour purifier la forêt.
De 1873 aux années 1890, des travaux ont été effectués pour réduire le nombre d’étangs et de marais malsains. Du plan initial, beaucoup, mais pas tous les étangs insalubres, ont été drainés, (107 hectares ou 30 étangs au lieu de 38), d’autres ont été réhabilités. Cela s’est traduit par l’ouverture de routes agricoles, l’assèchement des marais, puis le reboisement avec des pins maritimes, des chênes tauzin, des châtaigniers, des aulnes... Grâce à la remise en état des marais, la vie agricole a pu être établie.
Au cours de cette période, petit à petit, le paludisme a été éradiqué dans la Double mais pas simplement en raison de l’assèchement des étangs. Pour résoudre ce problème de santé, il fallait trouver une solution viable pour remplacer les différents remèdes maison grossiers et inefficaces dont le sac de diverses plantes (la rue, l’ortie, le séneçon, le quintefeuille), l’essence de térébenthine, une forte dose de soufre pulvérisé en suspension dans un liqueur alcoolique... parmi d’autres « remèdes » inefficaces. Deux évènements ont finalement permis des améliorations substantielles des conditions de vie des habitants : l’apparition dans la trousse des médecins de la Double de médicament telle la quinine découverte pour la première fois en Amérique du Sud, et le drainage des étangs, mettant ainsi fin à cette période noire de l’histoire du Doublaud.
Aujourd’hui, ces étangs ainsi que la forêt fournissent un foyer sain à un écosystème riche en biodiversité. Il offre à la faune indigène un refuge sauvage et préservé et abrite également des espèces menacées telles que la tortue Cistude. On peut aussi y voir des oiseaux migrateurs qui aiment se ressourcer et s’y nourrir. La végétation variée, composée de frênes, de chênes, de pins maritimes, de fougères, de bruyères, d’aulnes, fournit un habitat riche à une grande diversité d’animaux dans la forêt. Il offre également un lieu calme et sain d’activités de loisirs pour les gens.
Sources :
Les Étangs dans la Double Aujourd’hui et Hier ? Conférence donnée le 21 septembre 2002 par Dominique Morise-Allemant
Les Fièvres Palustres dans la Double du Périgord ah XIXème Siècle par Raymond Segonzac 1980 université de Bordeaux II Thèse pour le Doctorat d’État en Médicine
Modalités, processus et acteurs de la régénérescence de la forêt de la Double au XIXe siècle - Corinne Marache.
https://doi.org/10.4000/rives.3974
Des trappistes aux champs. Une congrégation religieuse venue seconder le comice agricole de la Double (1868-1910) - Corinne Marache.
https://books.openedition.org/pur/5273?lang=en
https://lessentiersnature.com/foret-de-la-double/
La Double Un pays en Périgord par Florence Broussaud - Le Strat, FANLAC
Sylva Edobola - La Double du Périgord par Robert Tatin
Photo : Atlas des paysages de Dordogne, Créateur : Stéphane Bertin paysagiste dplg – Département de la Dordogne